BIOGRAPHIE
René Desclée est né à Tournai le 13 août 1868. Son père, Edmond, qui est directeur d'une société distributrice de gaz, décède en 1880.
Son enfance se passe en partie chez ses grands-parents à la Verte-Feuille et à Tournai. Il s'intéresse à la science et admire les machines étranges dont son père lui explique le fonctionnement.
En 1881 il reçoit son premier appareil photographique acheté au Paradis des enfants, à Paris. À 13 ans, il réalise une de ses premières photos, la basilique de Lourdes, après des études secondaires au collège Notre-Dame, il obtient à 16 ans un prix de physique et un accessit en versification latine, il obtient un doctorat de droit à l'université de Louvain. Fin 1886, il achète un appareil Mackenstein fabriqué à Paris, ainsi qu'un objectif fabriqué par Dallmeyer à Londres. Entre 1887 et 1890, il prend une vingtaine de clichés au collodion, bien connu pour la finesse de son grain.
Fin 1892, René Desclée rencontre les frères Lumière à Lyon, il prend trois photos en utilisant les rayons X en 1896 (les rayons X sont officiellement découverts par Wilhelm Rontgen le 8 novembre 1895).
Sa première exposition se tient à Tournai du 21 au 24 juin 1896 au profit des enfants abandonnés, il y expose 58 photos dont celles prises aux rayons X ainsi que de nombreux bateaux à vapeur pris à Boulogne et à Ostende ; il développe ses plaques lui-même et imprime ses photos.
René Desclée épouse en 1901 Gabrielle Maertens de Noordhout, originaire de Gand, ils ont cinq enfants, Lucie, Albert, Hélène, Ghislaine et Fernand.
Dès 1900, il prend des photos de locomotives, la plupart des photographes de locomotives montrent la machine froide, de face et de profil, Desclée est l'un des premiers à photographier les machines dans le paysage et parfois même en marche.
La grande passion de Desclée est le photo-cervolisme ou photographie aérienne par cerf-volant (parfois appelé kapisme ou KAP de l'expression anglaise Kite Aerial Photograph), inventé en 1892 (un appareil photo est suspendu à un cerf-volant), la vue est prise depuis 2 à 3 mètres jusqu'à 1000 mètres d'altitude.
En octobre 1905, un photographe gantois, Armand Goderus, publie dans le Bulletin de l'Association belge de photographie, un long article intitulé Le cerf-volant photographe.
Le 18 avril 1910, Desclée rapporte du ciel sa première vue, 124 aérophotographies par cerf-volant suivent de 1910 à 1939.
Il construit son premier appareil photographique, une petite chambre noire de bois très léger qui reçoit des négatifs sur plaques de verre de format 8x8 cm. Son premier cerf-volant est un multicellulaire type Lecornu, il a la forme d'une étagère carrée, d'un mètre de côté, constituée de petites cellules carrées légèrement décentrées, c'est pourquoi on le surnomme « gaufre », il ne pèse que 640 grammes pour une surface portante de 2,5 mètres, sa densité n'est que de 256 grammes par mètre carré, la puissance de traction qu'il développe, par vent moyen, lui permet d'élever sans risque l'appareillage léger de René Desclée.
René Desclée choisi d'enrouler deux tronçons de quelques centaines de mètres de câble sur deux dévidoirs à main, il emporte aussi deux longues vrilles en acier munies d'un orifice destiné chacun à recevoir un levier, lesquels servent d'ancrage du câble. L'opérateur dispose ainsi de sa liberté de mouvement pour les manipulations du matériel photographique.
Pour obtenir des images de Tournai, René Desclée opère surtout au départ de la plaine des Manœuvres, ou encore de la citadelle.
Toute la région de Tournai est parcourue par cet étonnant photographe, débordant d'énergie créatrice, au guidon de sa bicyclette surchargée de matériel.
René Desclée est un vélocipédiste infatigable et cela jusqu'à la fin de sa vie, il ne possède pas de voiture et utilise le train pour photographier les sites éloignés.
Il emmène femme, enfants et cerf-volant durant les vacances dans la petite ville balnéaire de Nieuport. Il y trouve un vent régulier qui se prête idéalement aux expériences d'aérophotographie qu'il effectue au départ de la vaste plage sablonneuse, par la suite, il achète même une maison à Nieuport.
En mai 1914, il se rend en vélo à Antoing, cité antique toute proche de Tournai, iI effectue la première aérophotographie par cerf-volant d'un site archéologique.
En 1914, René Desclée s'exile à Royan, en France, il ne revient en Belgique qu'en 1919.
Il réalise un nouveau dispositif pour améliorer le détail de ses clichés, son choix se porte donc sur l'objectif Protar, de Zeiss, de 128 mm. de focale et ouvrant à 1:9, la chambre noire en contreplaqué munie de ses accessoires, mais sans plaque, ne pèse que cinq cents grammes, un record de légèreté pour l'époque.
René Desclée réalise une suspension inédite, la disposition d'une articulation réduit les oscillations latérales, une manche à air, dont l'écoulement aérodynamique est judicieusement calculé, est placée en amont de la chambre, dans le lit du vent.
Pour élever dans les airs sa nouvelle chambre, il modifie un de ses anciens cerfs-volants, il s'agit d'une sorte de grand Hargrave qu'une photo, datée de 1910, nous montre déjà dans sa version originale. L'appareil est composé de deux cellules carrées constituées de quatre cellules plus petites. La mise au point et les premiers essais photographiques ont lieu à Wippelgem durant les mois d'août et septembre 1920.
Le 5 octobre 1920, de retour à Tournai, il choisit la plaine des Manœuvres comme site d'envol, d'emblée, ces photographies sont parmi les plus accomplies de la carrière de René Desclée.
En 1939, il est élu président de la Société royale d'histoire et d'archéologie.
Dans les années 30, Jules Messiaen, photographe tournaisien, photographie René Desclée en action, il est le seul qui nous montre René Desclée sur le terrain de ses exploits.
René Desclée fait aussi quelques images amusantes, comme ce match de football vu des airs.
Ou encore, l'opérateur et les personnes qui l'entourent, saisis à la verticale, d'une très faible hauteur, le nez en l'air et tous aisément reconnaissables. C'est par une telle image, prise le 2 juin 1939 sur un site de fouilles archéologiques à Antoing, que René Desclée fait ses adieux à l'aérophotographie.
René Desclée décède le 5 décembre 1953 à Tournai.
BIBLIOGRAPHIE
René Desclée, Photographe Tournaisien, 1868-1953
Seule une partie de ce fonds de négatifs a été mise en ligne. René Desclée avait l'habitude de prendre plusieurs prises de vue du même sujet en changeant les temps de pause et les ouvertures. Ces photographies négatives sont consultables à la MPP.
→ Toutes les photos de Renée Desclée sur la plateforme ouverte du patrimoine (POP)
Toutes les images sont de René Desclée, © Ministère de la Culture (France), MPP, diff RMN-GP