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Le Crac des Chevaliers. Chroniques d'un rêve de pierre

Du 14 septembre 2018 au 4 mars 2019

Image idéale du château fort, le Crac des Chevaliers (Syrie) suscite depuis toujours la fascination de l'Occident. Les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le patrimoine du Proche-Orient ont encore attiré l'attention sur lui. C'est pourquoi la MAP, en partenariat avec la CAPA, a décidé de mettre en valeur par une exposition les très riches collections qu'elle possède sur ce monument.

body.pngDans la lignée des efforts fournis par la France pour sensibiliser au sort du patrimoine du Levant, l’exposition examine le Crac des Chevaliers à la fois sous l’angle architectural – en montrant en quoi il est devenu « l’archétype des châteaux forts » – et sous l’angle politique, en illustrant sa place symbolique dans l’imaginaire occidental, notamment à la suite des missions de Paul Deschamps.

Reine des forteresses au sein des États latins d’Orient, le Crac des Chevaliers est le fruit d’une longue histoire. Bâti à l’ouest de la Syrie actuelle, sur une éminence qui surplombe la plaine ou « trouée » de Homs, le Crac protège celle-ci et contrôle la route qui mène à la mer. Le site est fortifié dès l’empire romain, puis lors de la conquête arabo-musulmane. Saisi par les Croisés en 1099, puis de nouveau en 1110, il est finalement cédé en 1142 par Raymond II, comte de Tripoli, à l’ordre des Hospitaliers. Commencent alors de vastes campagnes de construction, qui font du Crac une forteresse exceptionnelle par sa superficie et son ampleur. Conquise par le sultan mamelouk Baïbars en 1271, le site passe sous domination musulmane. De nouveaux travaux modifient alors l’intérieur et l’extérieur de la forteresse. Écartée progressivement des lignes de frontière et de conflit, le Crac est, pendant toute l’époque moderne, un paisible chef-lieu de juridiction administrative et judiciaire de l’Empire ottoman. Comme à Palmyre où les habitants s’étaient établis dans le temenos du temple de Bel, un village se développe sein de la forteresse.

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Redécouvert par les voyageurs occidentaux dans la première moitié du 19e siècle, et notamment par le baron Emmanuel-Guillaume Rey (1837-1916) en 1859, le Crac sort peu à peu de l’ombre. Le mandat français sur la Syrie, à partir de 1920, attire sur le site autant l’armée française du Levant que les archéologues. En 1927, à la mort du médiéviste Camille Enlart, Paul Deschamps se passionne pour la forteresse, et fait de son exploration et de sa sauvegarde une oeuvre personnelle. Deux missions successives, en 1927-1928 et en 1929, le convainquent que le seul moyen de sauver le Crac, alors envahi de constructions et en voie de dégradation, est de le faire acquérir par la France en pleine propriété. Cet objectif est atteint, à la suite d’un intense travail de lobbying, le 15 novembre 1933.

Sous le double contrôle de l’administration des Monuments historiques et du ministère des Affaires étrangères, le Crac est progressivement restauré et ouvert aux touristes. L’Exposition coloniale internationale de 1931, comme l’aménagement concomitant de la « salle des Croisades » au musée des Monuments français, contribuent à faire du Crac « le témoin le plus majestueux de l’art français en Orient ». Il devient un symbole national qui dépasse largement la forteresse ellemême. Tel Narcisse, l’Occident fasciné contemple dans le Crac sa propre image.

Délaissé pendant la deuxième guerre mondiale, le Crac est cédé à la Syrie en 1948, deux ans après la fin du mandat. Restauré et mis en valeur par le nouvel État syrien, il sert notamment de cadre à des productions audiovisuelles. Après d’importante campagnes de restauration conduites en 1997, le Crac et de la citadelle voisine de Saône sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2006. Plusieurs missions archéologiques, françaises et allemandes, en renouvellent profondément la connaissance.

Depuis 2013, le Crac des Chevaliers compte parmi les 55 biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril par l’UNESCO. La citadelle est aujourd’hui à la croisée du destin de la Syrie, un pays ravagé par plus de six années de guerre.

Ils en parlent : 

telerama : "En attendant de pouvoir à nouveau le visiter en Syrie, le Crac des Chevaliers s’admire à Paris"
Connaissance des arts : Au Crac des Chevaliers à la Cité de l’architecture

Exposition
Camp des familles

Au Mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénée-Orientales), jusqu'au 14 février 2025