D'une famille de hobereaux normands, Aymard de Banville se lie d'amitié au collège avec Jacques de Rougé, fils de l'éminent égyptologue Emmanuel de Rougé. Quand celui-ci organise une mission scientifique en Égypte en 1863, il fait appel à Aymard de Banville, qui, s'étant intéressé à la photographie à partir de 1860, maîtrise parfaitement la technique du collodion.
Emmanuel de Rougé s'est tout jeune pénétré de l'héritage considérable laissé par Champollion et s'est affirmé comme le plus apte en Europe au déchiffrement des textes hiéroglyphiques. Dès l'apparition de la photographie, il comprend le parti que l'archéologue peut en tirer, suivant en cela les déclarations prémonitoires d'Arago en 1839. Aussi donne-t-il à la photographie une place encore rarement occupée à l'époque dans l'archéologie.
Pendant cinq mois (novembre 1863 - mars 1864), Aymard de Banville réalise en Égypte 220 négatifs au collodion humide, procédé délibérément choisi malgré la forte chaleur et les vents de poussières. Sur ce nombre, 160 photos font l'objet d'un album édité en 1865 où une large place est faite à l'épigraphie, étude des inscriptions hiéroglyphiques, un des objets essentiels de la mission d'Emmanuel de Rougé. La même année, la septième exposition de la Société française de photographie présente 27 tirages environ. Certains critiques dithyrambiques saluent toute la collection « d'une rare perfection » et remarquent les agrandissements qu'a réalisé Aymard de Banville, fait assez rare à l'époque.
L'orient et surtout l'Égypte fascinent les premiers photographes qui en rapportent de nombreuses épreuves. Mais les 90 plaques de verre d'Aymard de Banville acquises en 1977 par les Archives photographiques, constituent le plus vaste ensemble au collodion sur l'Égypte.
À son retour, Aymard de Banville est décoré de la Légion d'Honneur sur demande d'Emmanuel de Rougé. Se retirant dans son château du Rosel (Orne), il se marie et a cinq enfants. Un temps maire de Frênes, il est conseiller général de l'Orne de 1870 jusqu'à sa mort.