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Autoportrait de Jules Benoit-Lévy peignant
Autoportrait de Jules Benoit-Lévy peignant

Jules BENOIT-LÉVY (1866-1952)

peintre et photographe

Jules Benoit-Lévy naquit à Paris le 27 février 1866. Élève à l’École des Arts décoratifs et aux Beaux-Arts, il se consacra à la peinture de toiles militaires, de marines et de tableaux à tendance régionaliste. Ses clichés témoignent de cette activité, le montrant parfois dans son atelier entouré de ses grands formats (57K000761), un modèle posant (57K000754), ou réalisant une toile sur le motif (57K000718).
L’utilisation de la photographie par le peintre au cours de ses voyages relève de la documentation iconographique, de l’étude préalable à l’œuvre en devenir (57K000414). Dans chaque lieu de séjour (Bretagne, Normandie, Hollande), son regard cherche le motif paysager ou ethnologique (57K000259), l’habitant typique (57K000609). Le moment venu, le peintre s’est appuyé sur le document pour rendre ce pittoresque dans son art, n’hésitant pas à mêler sur une même toile des éléments pris sur différents clichés. L’œil du peintre interfère sur celui du photographe. Les deux techniques partagent le même sens du cadrage, de la mise en avant du sujet, de l’esthétisation du thème (57K000227).
Août 1914 et la Première Guerre mondiale détournèrent l’appareil photographique de l’esthétisme pour le concentrer sur le reportage. À 48 ans, Benoit-Lévy, matricule 941, semble avoir fait partie de ces engagés volontaires dont l’âge leur permettait pourtant d’éviter le combat. Engagé dans les services du ravitaillement des troupes, Benoit-Lévy consacra son travail de photographe à documenter la vie de l’arrière (57K002195). Dans les carnets qu’il tint durant cette période, il nota au quotidien chaque fait, chaque déplacement, les anecdotes du jour, ce qu’il entendait raconter des batailles par les soldats de passage ou blessés en transit. Ces petits carnets de moleskine conservent aussi la vie du photographe. Il y inscrivit les lieux ou les saynètes qui lui inspirèrent un cliché. Il y mentionna les rencontres avec d’autres amateurs de photographie rencontrés au hasard de ses livraisons, ses déplacements chez les éditeurs parisiens qui lui prenaient des clichés pour illustrer des articles de presse.
Les clichés gardent en mémoire le transport des troupes et du matériel vers l’Est (57K000798), la vie de l’arrière (57K000465), les tranchées après la bataille (57K000333), le retour des blessés (57K000540), le quotidien entre deux attaques. Son objectif se concentre aussi sur la souffrance, de manière discrète, suggérant la douleur de l’humain derrière celle de l’objet. Nous voyons des soldats évacués, les vestiges d’un combat (57K001548), des villages détruits (57K003219B), l’intérieur de maisons et de fermes dévastés. Pudiquement mais sans détour, Jules Benoit-Lévy donne à voir cette désolation qu’est toute guerre et, malgré tout, les petits bonheurs quotidiens du poilu dans l’attente.
Benoit-Lévy mourut à Nogent-sur-Marne le 14 mars 1952. En juin 2021, la MPP a reçu une première donation de 834 plaques de verre noir et blanc, stéréoscopiques, datées entre 1903 et 1924. En 2023, environ 2 500 plaques ainsi qu’une partie des archives du peintre sont venus compléter ce fonds spécifique à l’intérêt double, témoignage à la fois d’un artiste et d’un soldat.

Fatima DE CASTRO
MPP, département de la photographie, 2024
 

Jules Benoit-Lévy, Autobus réquisitionnés, 1914
Jules Benoit-Lévy, Autobus réquisitionnés, 1914
Gilles Caron, Guerre du Vietnam, opération Pershing, soldat américain allumant une cigarette devant un village incendié, décembre 1967
Gilles Caron, Guerre du Vietnam, opération Pershing, soldat américain allumant une cigarette devant un village incendié, décembre 1967
Exposition "Photographies de Jacques Henri Lartigue, Style & cimes" au musée dauphinois
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