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Exposition

Émile Zola, artiste-photographe

Exposition coorganisée par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine et l’Université Sorbonne Nouvelle

Maison de la Recherche
4 rue des Irlandais, PARIS
du lundi au vendredi de 8h à 20h
du 15 mars 2022 au 20 mai 2022

À côté du Zola nouvelliste et romancier, bâtisseur du cycle des Rougon-Macquart, du Zola journaliste et critique d’art, du Zola auteur de « J’accuse… ! », il existe un visage moins connu et exploré de l’écrivain, et pourtant tout aussi fascinant que les autres facettes : le Zola photographe. Conçue par le Centre Zola de l’ITEM et la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP), cette exposition, composée de tirages modernes réalisés d’après les négatifs originaux, fait le choix d’un ensemble resserré autour d’une vingtaine de photographies significatives à plusieurs titres. Leur cohérence réside dans l’éclairage privilégié proposé au public : tenter de comprendre ce que Zola appelait lui-même, à propos de sa vision d’artiste, « le mécanisme de mon oeil ». Quel photographe était-il ?

Parce qu’il pratiquait un art révolutionnaire du 19e siècle, dont il suivait l’actualité technologique autant que la production, Zola, artiste-photographe, s’affirma d’abord comme un expérimentateur autodidacte, assoiffé de connaissances renouvelées, dont la maîtrise s’affina dans l’apprentissage réflexif sur l’étendue des années 1890 : visites des ateliers, essais d’un matériel de plus en plus sophistiqué, soumis aux aléas du développement des clichés. Aux prises avec les expériences techniques les plus inventives, Zola notait régulièrement ses observations studieuses dans un carnet de travail. Les voyages en Italie avec son épouse Alexandrine, l’exil londonien de 1898 après le scandale du « J’accuse… ! », les visites à Verneuil faites à Jeanne et aux enfants ont nourri les thèmes intimes, sociaux et artistiques qui ont commencé à construire les « albums » du grand chantier photographique dont il rêvait. On retrouve l’homme de la méthode et du programme, curieux et tenace. Rien n’était possible sans le labeur quotidien : à la devise de l’écrivain – nulla dies sine linea – pourrait répondre celle du photographe : pas un jour sans une image. C’est ce perfectionnement régulier qui noua la relation la moins naïve et la plus féconde entre le cerveau de l’homme et l’objet technologique : une pratique raisonnée qui donna libre cours au jeu des formes visuelles et créatrices d’un photographe qui avait le coup d’oeil juste et avisé.

Dans ces images représentatives des thèmes favoris de Zola, on pourrait cependant repérer autre chose que des « instantanés » pris sur le vif, comme de simples détails notés au fil d’une enquête de terrain. Zola a le sens de la composition formelle des images, une poétique iconique insciente, aurait dit Flaubert, qui ménage, dans les tableaux de Paris, des équilibres et des symétries, des rimes et des rythmes plastiques, en somme un réseau de lignes de fuite et de plans qui évoquent soit la peinture, soit ces croquis topographiques que Zola dessinait en préparant ses romans. Cette intuition formelle, qui participe de la beauté des clichés, n’est jamais abstraite : elle sert la poésie et les symboles les plus profonds qui touchent parfois à la vie et à la mort. Elle transgresse les codes esthétiques de l’imagerie d’époque par des décentrages audacieux, des scènes simultanéistes inattendues, des surplombs panoramiques vertigineux ou, au contraire, étonnamment proches des pétales d’une fleur en gros plan. Elle privilégie l’énergie sur l’inertie : les mouvements corporels de Denise et Jacques qui courent vers l’objectif, les jeux dansants d’un cousinage dans le jardin, à Médan, les défilés spectaculaires des foules à l’Exposition universelle de 1900. Le photographe ose le flux de la vie contre la pose statique dans l’atelier conventionnel aux décors de carton. Quant à la poésie, sa tonalité est aussi diverse que ses thèmes évocateurs, depuis l’humour et la bonhomie des portraits de personnes et d’animaux de la basse-cour, jusqu’à la profondeur allégorique de la finitude humaine devant le Crystal Palace, à Londres, en pleine affaire Dreyfus.

Cette exposition souhaite ainsi montrer, malgré sa taille modeste, que les archives photographiques de Zola font oeuvre, qu’on y décèle une singularité du regard sur l’arrière-plan des canons esthétiques d’époque, un « tempérament » d’artiste, aurait dit le romancier, et, plus encore, une signature esthétique personnelle, consciente des horizons ouverts par l’aventure photographique, comme preuve matérielle de ce qui est, comme charme énigmatique de ce qui semble paraître, au-delà de la croyance naïve de l’image comme copie fidèle de la réalité palpable.

> Les négatifs d'Émile Zola sont accessibles sur Pop

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