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Suzy Delair

Le 15 mars 2020, Suzy Delair tirait sa révérence. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, après tout, c’est du Paris des années 40 qu’elle fut la star, mais une vie de 102 ans – dont presque 60 de carrière – sous le signe de la Parisienne ascendant chic-canaille, ça mérite un coup de chapeau.

Le théâtre, gamine, déjà, elle ne rêve que de ça ; mais fille d’une couturière et d’un sellier-carrossier, il lui faut un métier. Ce sera modiste, dans un premier temps. Qu’à cela ne tienne : adolescente, elle passe le pied dans la porte en enchaînant les figurations au cinéma et au théâtre.

C’est toutefois le music-hall qui lui apporte ses premiers engagements, et les premières galères aussi, entre cabarets parisiens et tournées de province. Choriste aux Bouffes-Parisiens en juillet 1938 pour gagner trois sous, elle subjugue un jeune journaliste à l’âme de Pygmalion, auteur de chansons à ses heures perdues. Il se présente à sa loge, l’envoûtement est réciproque, les voilà à la colle.

À l’époque, Henri-Georges Clouzot a écrit des scénarios et des adaptations, mais n’a encore rien tourné. Du reste, il ne voit pas forcément sa compagne en actrice, la pousse surtout à continuer les tours de chants, à prendre des cours, à tenter l’opérette. C’est lui, tout de même, qui lui confie ses premiers grands rôles au cinéma : Le Dernier des six (dont il a écrit le scénario), L’assassin habite au 21, et surtout Quai des Orfèvres, en 1947, qui marque l’apogée de sa carrière au cinéma. Le couple se sépare peu après, et Suzy Delair continue à tourner avec les plus grands réalisateurs – Jean Grémillon, Jean Dréville, René Clément, Christian-Jaque, Marcel Lherbier, Claude Autant-Lara, Marcel Carné, Henri Jeanson, Luchino Visconti et Gérard Oury. Elle touche à tous les genres, du drame à la comédie, et à tous les rôles, avec une prédilection peut-être pour les garces et les enquiquineuses…

Passées les années 50, les propositions de réalisateurs se faisant plus rares, elle retrouve le théâtre et la chanson – qu’elle n’avait jamais vraiment quittée. Comédienne, mais avant tout chanteuse, sa gouaille et sa spontanéité font oublier sa solide formation lyrique et son travail quotidien. Là encore, elle se frotte à tous les styles : cabaret, music-hall, opérette, où Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault la réclament pour La Vie parisienne. Elle interprète des dizaines de chansons dont un bon nombre de succès, flirte avec le jazz. Au premier Nice Jazz Festival (1948), elle chante « C’est si bon » en présence de Louis Armstrong, conquis, qui l’enregistrera deux ans plus tard. Boris Vian, séduit par sa voix et sa personnalité, lui compose un « Relax » sur mesure, qui colle encore pas mal à l’air du temps…

En 2003, elle enregistre encore une anthologie, De l’opérette à la chanson, récompensée par un Orphée d’or de l’Académie du disque lyrique.

Suzy Delair a sa place à la MAP parmi les portraits du studio Harcourt, les photographies de plateau de Roger Corbeau et de Sam Lévin.

La photo du jour a été prise sur le tournage de Quai des Orfèvres, mais il est peu probable qu’elle apparaisse au montage final... Elle illustre surtout la réjouissante complicité qui unit Louis Jouvet et Suzy Delair, partenaires dans plusieurs films.

Anne Cook, avril 2020.

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