André Kertész, dont la carrière s’étend sur plus de soixante-dix ans (1912-1984), est aujourd’hui reconnu comme l’un des photographes les plus marquants du 20e siècle. Son œuvre foisonnante trouve sa source dans sa culture hongroise, mêlant poésie et intimité, aux compositions marquées par les avant-gardes européennes, notamment celles d’Europe de l’Est. Il tissa tout au long de sa vie une relation étroite entre ses pratiques photographique et éditoriale, composant ainsi une narration visuelle passionnante qui décrit la période de l’entre-deux-guerres en Europe et ses quarante années passées aux États-Unis.
Ses premières années furent une étape importante pour cet autodidacte dont la photographie réaliste se distingue du pictorialisme cher aux photographes hongrois de sa génération. Enrôlé dans l’armée austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale, il dépeignit le quotidien des soldats et développa une poésie de l’instant, loin des faits d’armes héroïques ou dramatiques. Après la guerre, il chercha à faire de la photographie son métier.
André Kertész arriva à Paris en octobre 1925, muni d’un visa de quelques mois. Au début de l’année 1926, alors qu’il travaillait comme retoucheur à l’Atelier moderne, il publia ses premières photographies dans la revue Art et industrie. Il fréquentait les milieux artistiques d’avant-garde et photographia ses amis hongrois, les ateliers d’artistes, les scènes de rue, les cafés et les jardins parisiens. La ville lui offrait de nouveaux points de vue quand il photographiait les ombres des passants depuis sa fenêtre. En 1927, il exposa ses images à la galerie « Le Sacre du Printemps ». Sa réputation commençant à s’établir, il collabora à différentes publications françaises comme L’Art Vivant ou Art et Médecine, des revues allemandes comme Die Dame ou Uhu. Il devint surtout l’un des photographes du magazine Vu, dont il illustra près de cent cinquante articles de 1928 jusqu’à son départ pour les États-Unis. En 1932-1933, il réalisa sa célèbre série des Distorsions où les corps nus de deux modèles se reflètent dans un miroir déformant. A partir de 1934, malgré la publication de Paris vu par André Kertész, préfacé par Pierre Mac Orlan (1882-1970), les commandes de la presse française se raréfièrent.
En 1936, il signa un contrat avec l’agence Keystone et émigra à New York ou il collabora avec les revues du groupe Conde Nast comme Vogue et House and Garden. En 1945, il publia Day of Paris dans lequel, au sortir de la guerre, il restitua le Paris des années 1930.
À partir de 1962, André Kertész assista à la reconnaissance de son œuvre par les institutions et le grand public : les expositions à la Biennale de Venise, à la Bibliothèque nationale de France ou au Museum of modern art à New York s’enchaînèrent. Il revint fréquemment à Paris qu’il continua à photographier jusqu’à sa mort en 1985. La ville, et Paris en particulier, fut l’un des sujets centraux de son œuvre, notamment dans Sixty years of Photography (1972), J’aime Paris (1974) ou Of Paris and New York (1985). Le photographe mourut à New York, en 1985.
En mars 1984, André Kertész fit don de ses négatifs et de ses archives à la France. La Médiathèque du patrimoine et de la photographie conserve ainsi plus de cent mille négatifs, des tirages contacts de lecture, une partie de sa bibliothèque et l’abondante correspondance du photographe. Une partie des négatifs de Kertész numérisés sont disponibles sur la base de données Mémoire, accessible par la plateforme POP.
Les archives d’André Kertész sont consultables sur rendez-vous à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie au fort de Saint-Cyr (Montigny-le-Bretonneux).
Contact : mediatheque.patrimoine@culture.gouv.fr
Toutes les images sont de André Kertész © Ministère de la Culture (France), MPP, diff. RMN-GP
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